Définitions : les pratiques de conversion et les efforts de coercition
« Avant que je découvre le sondage pour ce projet, je ne savais même pas que ce que j’ai vécu aurait pu être qualifié de thérapie de conversion. Je ne savais pas comment penser à ces expériences, ni comment les expliquer. C’était très, très difficile de trouver quelqu’un qui pouvait me comprendre. »
Les pratiques de conversion regroupent un large éventail de pratiques, traitements et services psychologiques, comportementales, physiques et religieuses visant à amener une personne à changer diverses facettes d’elle-même :
- L’orientation sexuelle vers l’hétérosexualité
- L’identité de genre pour devenir cisgenre
- L’expression de genre pour refléter le sexe assigné à la naissance
Ces efforts sont fondés sur la prémisse qu’il existe des causes qui rendent les gens queers, trans, ou bispirituels. Cette idée est basée sur la présomption que l’hétérosexualité est la seule façon normale d’exprimer sa sexualité, et que l’identité de genre d’une personne doit nécessairement concorder avec le sexe qui lui a été assigné à la naissance.
La « thérapie de conversion » ne constitue pas un modèle de thérapie crédible et a fait l’objet d’une condamnation générale parmi les associations de professionnel·le·s au Canada et dans le monde. Voilà pourquoi nous préférons l’expression « pratiques de conversion ». Consultez la rubrique Soutien et ressources pour obtenir une liste de groupes qui s’opposent aux pratiques de conversion.
Qu’est-ce qui ne constitue PAS une pratique de conversion?
Les pratiques de conversion ne comprennent PAS les pratiques, traitements ou services visant à explorer ou à développer l’identité intégrale d’une personne (p. ex., aider quelqu’un avec sa transition de genre) sans présumer qu’une orientation sexuelle, identité de genre ou expression de genre est meilleure qu’une autre.
De plus, les pratiques de conversion ne comprennent pas les conversations informelles et impromptues. Cependant, si la conversation s’inscrit dans le cadre d’une intervention formelle, comme un séance de thérapie, elle peut constituer une pratique de conversion si elle est fondée sur l’idée qu’être hétéro ou cisgenre est préférable aux orientations sexuelles non-hétéros et aux identités de genre non-cisgenres.
Définitions : les efforts de coercition (SOGIECE)
Des efforts au-delà de la définition légale des pratiques de conversion.
Les efforts de coercition visent à changer l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’expression de genre (SOGIECE en anglais). Ce terme générique désigne un éventail de stratégies pour transformer, nier, réprimer ou remettre en question l’orientation sexuelle ou encore l’identité ou l’expression de genre d’une personne. Ces efforts se traduisent par des pratiques, des pressions ou des messages subtils ou flagrants.
Plusieurs personnes 2S/LGBTQIA+ qui ne s’identifient pas forcément comme étant des survivantes de pratiques de conversion auront vécu de tels efforts au cours de leurs vies. Les réponses sanitaires et politiques à cet enjeu doivent prendre en compre les façons explicites, implicites et insidieuses dont les SOGIECE ont lieu afin de mieux promouvoir la sécurité, l’équité et la santé pour les minorités sexuelles et de genre (Kinitz, Goodyear et Salway, 2021).
Pour en savoir plus sur les SOGIECE, consultez la section sur la recherche.
Les effets nuisibles des pratiques de conversion
Les pratiques de conversion et les efforts de coercition portent atteinte à l’essence même de la personne et favorisent une perception de soi dommageable et traumatisante. Les répercussions à long terme comprennent notamment le stress minoritaire ou le stress minoritaire multiple (voir le glossaire pour les définitions), la honte, la dépression, l’anxiété, les phobies sociales, les problèmes de consommation de substances, l’itinérance, l’idéation suicidaire, les traumatismes complexes (TSPT), les traumatismes développementaux, les traumatismes religieux, les troubles sexuels et relationnels, une faible estime de soi ou de sa valeur ainsi que la peur du rejet ou de l’abandon.
« Comme personne trans, je peux m’éloigner de la religion et continuer à répondre à mes besoins physiques, psychologiques et spirituels. Mais je ne peux pas m’éloigner du réseau de la santé si je veux combler mes besoins physiques ou psychologiques. »
« Sur le plan chimique, mon cerveau a formé des voies neuronales menant à la honte et au mépris de soi, reliant mes désirs sexuels et le péché… Après des années de refoulement et de confession… j’ai du mal avec l’intimité »
Les survivant·e·s subissent de nombreux obstacles et facteurs de stress. Iels se trouvent directement tributaires des personnes et des structures environnantes, lesquelles perpétuent souvent des inégalités systémiques (p. ex. le racisme et le capacitisme, en plus de l’hétérosexisme et du cissexisme) qui s’accumulent avec le temps et conduisent à des problèmes de santé à long terme.
Souvent, les personnes trans, non binaires et de genre créatif ne considèrent pas les mauvaises expériences qu’elles ont vécues au sein du système de santé ou avec des professionnel·le·s de la santé mentale comme des pratiques de conversion.
Les jeunes en souffrent particulièrement, alors qu’iels cherchent à façonner leur identité, sous l’influence déterminante de leur famille, de leurs pair·e·s ou d’autres figures d’autorité.
Comme l’ont conclu les Nations Unies et d’autres organismes, les pratiques de conversion sont bel et bien une forme de traitement dégradant qui s’apparente à de la torture.
Pour plus d’informations sur les dommages causés par ces pratiques, consultez les sections La recherche sur les pratiques de conversion et Le guide des pratiques de conversion.
Pour plus d’informations sur les traumatismes, voir la rubrique Soutien et ressources.
Comment reconnaître les pratiques de conversion
Au fur et à mesure des changements d’opinion et de lois ainsi que de la montée de l’opposition aux pratiques de conversion, il est possible que ses praticien·ne·s adoptent de nouvelles appellations et continuent à se redéfinir. Pour évaluer si une activité constitue une pratique de conversion, mieux vaut se concentrer sur les objectifs de l’activité plutôt que les descriptions qu’en font les praticien·ne·s.
« Ma thérapie de conversion visait à m’empêcher d’être trans. Mon [psychiatre] a refusé que j’aie une chirurgie d’affirmation de genre… s’il avait fait son travail, mon apparence actuelle serait tout à fait différente. Le fait de pouvoir vivre dans un corps où je me sens bien plutôt que de me sentir en cage, ça changerait tout. »
« Je n’avais aucune idée que je prenais part à des pratiques de conversion. Lorsque notre famille, nos ami·e·s, notre église et tous les gens dans notre entourage sont des chrétiens fondamentalistes, on se trouve dans une bulle sans même savoir ce que l’on vit. »
Voici des caractéristiques des pratiques, traitements ou services qui pourraient constituer des pratiques de conversion :
- la promotion de l’hétérosexualité ou du fait d’agir selon son « sexe à la naissance » comme mode d’existence privilégié
- les programmes fondés surtout sur les témoignages de personnes prétendument « changées »
- le recours à des formulations telles que le plan divin pour les êtres humains, la guérison sexuelle, la pureté sexuelle ou les dépendances sexuelles
- des déclarations selon lesquelles être queer, trans ou bispirituel·le serait inconciliable avec la foi ou les croyances religieuses d’une personne
- l’utilisation de la foi pour isoler les gens, souvent justifiée par la présomption qu’une personne ne peut devenir ce qu’elle ne connait pas
- des affirmations qui présument qu’être queer, trans ou bispirituel·le serait dû à des problèmes religieux (p. ex., péchés, tentations, démonisation) ou à un traumatisme ou des sévices (comme le prétendent les thérapies exploratoires du genre et les psychanalyses freudiennes des relations parentales)
- le refus d’offrir des soins d’affirmation de genre ou le refus d’orienter les patients transgenres vers un médecin qui adopte une pratique d’affirmation de genre
- l’utilisation du langage de « contagion sociale » en parlant des identités trans, ou le fait de traiter les identités trans comme des comportements sexuels fétiches
- l’utilisation d’un cadre de maladie mentale pour décrire les identités queers, trans ou bispirituelles
- les déclarations selon lesquelles il n’existe que deux sexes et genres (homme et femme, le système de genre binaire)
- les déclarations selon lesquelles les personnes issues de la pluralité de genres doivent apprendre à accepter ou à aimer le corps qu’elles ont, sans comprendre le concept de dysphorie de genre
Où et quand
Les pratiques de conversion ont cours au Canada à ce jour. Cette rubrique comprend des statistiques sur la prévalence des pratiques de conversion et indique où les subissent les personnes queers et trans.
Qui et Pourquoi
Découvrez les raisons personnelles et les situations qui tournent les gens vers les pratiques de conversion. Lisez les témoignages de survivant·e·s et les récits de leurs expériences.
Soutien et ressources
Voici des ressources à télécharger et des liens à l’intention des professionnel·le·s et des fournisseurs de services, des proches, des survivant·e·s et des personnes aux prises avec ces pratiques ou qui croient devoir changer.